Le titre de cet article fait écho à une vidéo de DataGueule sortie en Novembre 2018 : Géoingénierie : Dernier mirage avant la fin du monde – #DATAGUEULE 82.
En avril 2018, la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère terrestre atteignait 410 particules par million (ppm). Il s’agit d’un record dans l’histoire de l’humanité et d’une énorme augmentation depuis la moyenne de 280 ppm de la période préindustrielle. L’augmentation actuelle de la concentration de CO2, loin d’être la plus importante de l’histoire de la planète, est cependant la plus fulgurante, nécessitant une adaptation rapide des sociétés humaines.
L’augmentation soutenue[1] de la quantité de CO2 dans l’atmosphère montre une relation remarquablement constante avec la combustion de ressources fossiles, et il existe aujourd’hui un consensus scientifique sur le fait que le changement climatique moderne soit d’origine anthropique. De nombreux experts s’accordent également à dire que le changement climatique aura d’énormes conséquences négatives pour les humains (et dans une certaine mesure pour les animaux non humains également), allant de migrations climatiques massives, aux pénuries alimentaires, en passant par une instabilité politique et un risque de guerre accrus[2].
La stratégie classique pour combattre le changement climatique jusqu’à maintenant a été de promouvoir des actions dites de mitigation qui visent à réduire nos émissions de gaz à effet de serre, jusqu’à idéalement atteindre zéro émission d’ici 2050. Je pense ne surprendre personne en déclarant que cette stratégie a connu jusqu’à présent un succès mitigé ( mitigation/mitigé, vous l’avez ?), comme en témoignent les engagements très insuffisants (et peu respectés) pris à l’issue des COP ainsi que l’absence de politiques environnementales audacieuses dans la plupart des pays. De fait, si l’on s’en tient aux tendances actuelles, les estimations les plus pessimistes annoncent une hausse de la température moyenne de 7° en 2100 par rapport à la période pré industrielle. Récemment, une autre manière de lutter contre le changement climatique a cependant pris de l’ampleur jusqu’à occuper une place importante dans les rapports du GIEC[3] : la géo-ingénierie.
La géo-ingénierie (ou ingénierie environnementale, j’utiliserais les deux termes indistinctement même si je crois que les experts préfèrent ce dernier) est souvent définie comme “l’intervention délibérée et à grande échelle dans le système climatique de la Terre, généralement dans le but d’atténuer les effets néfastes du réchauffement planétaire« [4]. Les techniques de géo-ingénierie se divisent elles-mêmes en deux grandes catégories[5]. D’un côté nous avons les techniques d’élimination des gaz à effet de serre, dont celles d’élimination du dioxyde de carbone (abrégé CDR pour Carbon Dioxide Removal) forment la sous-catégorie la plus étudiée. Ces techniques s’attaquent directement à la cause du réchauffement planétaire en éliminant les gaz à effet de serre de l’atmosphère. De l’autre côté, nous avons les techniques de gestions du rayonnement solaire (abrégé SRM pour Solar Radiation Management) qui visent à réduire la quantité de rayonnement solaire ou infrarouge atteignant la surface de la Terre. Elles compensent ainsi le réchauffement dû aux gaz à effets de serre sans pour autant éliminer ceux-ci de l’atmosphère.
La géo-ingénierie semble donc offrir des solutions attrayantes pour faire face au changement climatique dans un monde où les efforts de mitigation ne sont pas à la hauteur des enjeux, et où un dilemme du prisonnier d’envergure internationale empêche les différents acteurs de s’engager dans des politiques climatiques audacieuses. En effet, l’ingénierie climatique, et en particulier les systèmes de gestion des rayonnements solaires, prétend que le changement climatique peut être “réparé” pour une somme d’argent raisonnable (en comparaison aux stratégies de réduction des émissions de GES), en compensant nos émissions. Certains climatologues vont même plus loin, affirmant que l’ingénierie climatique serait capable d’inverser le changement climatique[6].
Loin d’être réservée à quelques auteurs de science-fiction, la possibilité de recourir à des techniques d’ingénierie environnementale est prise très au sérieux, à tel point que 3 des 4 scénarios présentés par le GIEC dans leur dernier “Summary for Policy Makers” incluent l’usage de technologies d’élimination du dioxyde de carbone (en jaune) pour atteindre la neutralité carbone en 2050 et rester dans l’objectif des 1,5° de hausse des températures depuis la période préindustrielle.
L’engouement pour la géo-ingénierie s’accompagne néanmoins de plusieurs controverses scientifiques[7][8], politiques[9] et même éthiques[10]. En outre, de nombreuses personnes se sont interrogées sur le risque d’aléa moral soulevé par la confiance accordée à l’ingénierie climatique. En effet, une focalisation sur l’ingénierie climatique ne risquerait-elle pas de diminuer la pression politique exercée en faveur d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre ? Enfin, au même titre que les politiques de mitigation, les controverses autour de la géo-ingénierie soulèvent de nombreuses questions quant à leur gouvernance[11].
Entre espoirs et craintes, les discussions autour de l’ingénierie climatique sont vives et mouvementées, faisant se rencontrer des points de vue totalement opposés. D’un côté les partisans de la géo-ingénierie la présentent comme une solution pragmatique et viable. En face leurs détracteurs les accusent de solutionnisme et leur reprochent une vision techno-prométhéenne (je suis très fier d’avoir réussi à placer ce mot). Dans cet article, je vais donc essayer d’expliquer les bases de la géo-ingénierie en présentant les techniques les plus discutées tout en offrant aperçu des controverses et des interrogations politiques et éthiques qu’elle suscite. Bien entendu, et malgré ma volonté sincère de faire preuve d’honnêteté intellectuelle, cet article ne saurait être une synthèse parfaite du sujet de de nombreux arguments en faveur et à l’encontre de la géo-ingénierie risquent d’être seulement survolés voire totalement oubliés. Mon objectif ici est de permettre à chacun de disposer de quelques éléments de réponse à la question suivante : l’ingénierie climatique n’est-elle qu’une simple distraction nous éloignant des véritables enjeux climatiques, ou au contraire une solution pragmatique digne de nos espoirs ?
La géo-ingénierie, c’est quoi ?
Enchaînons immédiatement avec la base de la base : qu’est ce que la géo-ingénierie ? Avec en prime, rien que pour vos beaux yeux, une présentation de quelques techniques et de leurs limites actuelles.
Pour reprendre la définition de Saint-Wikipedia : la géo-ingénierie désigne « l’ensemble des techniques qui visent à manipuler et modifier le climat et l’environnement […] en première intention et à grande échelle”. Il est ainsi important de noter que le terme « géo-ingénierie » peut faire référence à un large éventail de stratégies et techniques qui diffèrent énormément entre elles. Certaines sont extrêmement sophistiqués, nécessitant des connaissances scientifiques pointues, tandis que d’autres pourraient presque être considérées comme « naturelles » à l’instar de la reforestation et de l’afforestation, ces dernières n’étant d’ailleurs pas forcément considérées par tous comme étant des techniques de géo-ingénierie. Il n’existe pas de nombre fini de techniques/méthodes/technologies qui peuvent être considérées comme faisant partie de la grande et joyeuse famille de l’ingénierie climatique, et il est très probable que de nouvelles techniques apparaîtront dans le futur. La liste qui suit est donc incomplète bien qu’elle offre un bon aperçu des méthodes les plus discutées.
Par ailleurs, il est nécessaire de bien faire la distinction entre les techniques d’élimination de dioxyde de carbone (CDR) et celles de gestion des rayonnements solaires (SRM). Ces deux sous-ensembles sont si différents que certains experts appellent même à les traiter comme deux groupes parfaitement distincts de réponses aux enjeux climatiques[12]. Comme le dit Joshua B. Horton qui à l’air d’être un type vachement intelligent : « En termes purement analytiques, les CDR et les SRM sont des types d’intervention très différents, centrés sur des objets différents, travaillant de différentes manières, et avec des implications sociales très différentes. » Ne vous inquiétez pas si vous n’avez pas encore saisi la différence ontologique entre les techniques de CDR et de SRM, celle-ci deviendra plus claire lorsque nous entrerons dans les détails, mais il est néanmoins possible de les distinguer grossièrement comme suit :
-Les techniques de gestion des rayonnements solaires sont rapides et bon marché, toutes fondalement centrées sur la modification du bilan radiatif de la terre. Leur impact est évalué en terme de forçage radiatif et s’exprime en watts reçus par kilomètre carré. Pour m’exprimer de manière moins pédante : ces techniques visent à réduire la quantité de rayonnement solaire ou infrarouge atteignant la surface de la Terre. Cependant elles ne modifient pas la quantité de CO2 dans l’atmosphère et ne se concentrent que sur un aspect du changement climatique : le réchauffement.
-Les techniques d’élimination de dioxyde de carbone, par contraste, sont lentes à mettre en place et relativement coûteuses. Elles cherchent à altérer le cycle du carbone de la Terre en éliminant le carbone de l’atmosphère. Elles peuvent ainsi être pensées comme des “émissions négatives” de CO2. Leur impact est mesuré en tonnes de CO2 séquestrées.
Les méthodes d’éliminations du dioxyde de carbone
Commençons par présenter quelques techniques d’élimination de dioxyde de carbone (CDR).
Le captage direct de l’air (abrégé DAC pour Direct Air Capture) est une méthode de captage et de stockage du carbone qui sépare le dioxyde de carbone de l’air. Bien que simple, la technologie est coûteuse, atteignant environ 100$ par tonne de CO2 capturée dans l’atmosphère. Il est par ailleurs un risque qui pourrait rendre les techniques de DAC moins prometteuses qu’escompté. En effet, les startups centrées sur les DAC n’envisagent pas simplement de séquestrer le carbone, mais plutôt de produire des carburants neutres en carbone, à et ce à but lucratif. Cela pourrait certes intéresser le secteur de l’énergie, mais ce n’est pas d’une grande aide quand on veut modifier le climat. On pourrait éventuellement imaginer un financement gouvernemental pour inciter à la séquestration du carbone ainsi capturé mais les frais seraient probablement trop élevés, et on ne s’attend pas à ce que la technologie gagne en envergure de façon conséquente dans un avenir proche. Par exemple, l’usine pilote de la startup canadienne Carbon Engineering n’extrait qu’une tonne de CO2 par jour.
La bioénergie avec captage et stockage du carbone (abrégé BECCS pour Bio-Energy with Carbon Capture and Storage ) consiste à cultiver à grande échelle des plantes à croissance rapide, puis à les brûler soit pour produire des biocarburants, remplaçant au passage les combustibles fossiles ayant la même utilité, soit pour directement produire de l’électricité. Le CO2 libéré au cours du processus est alors capté par des systèmes d’épuration et injecté profondément sous terre, généralement dans des formations rocheuses poreuses. Cela permet de séquestrer une partie du CO2 collecté par les plantes lors de la photosynthèse, tandis que le reste est utilisé pour créer du biocarburant et de l’électricité neutre en carbone. En théorie, cela permet donc à un système de BECCS d’atteindre des émissions nettes négatives (c’est à dire de retirer du CO2 de l’atmosphère), tout en restant économiquement viable grâce à la vente de biocarburants et d’énergie électrique.
En raison de leur intégration étroite avec les technologies et les sources d’émissions existantes, les BECCS constituent la méthode privilégiée, y compris par le GIEC, pour obtenir des émissions négatives nettes. Malheureusement, à l’instar des méthodes de DAC, les BECCS souffrent d’un problème de généralisation à grande échelle. En effet, avec les méthodes actuelles, la suppression de 10 gigatonnes de CO2 par an (environ un quart de nos émissions actuelles[13]) nécessiterait qu’une superficie de la taille de l’Inde{14] soit mise en culture à cette seule fin. Cela entraînerait une expansion des terres agricoles sans équivalent dans l’histoire récente et serait écologiquement désastreux en soi sans changements agricoles profonds et une réduction considérable de la quantité de viande produite. Certains experts estiment ainsi que les BECCS seront certainement une composante des stratégies futures de réduction des émissions de carbone, mais qu’elles ne pourront pas être déployées à l’échelle requise dans un court laps de temps, d’autant plus qu’elles seraient trop gourmandes en terres comme solution unique.

La fertilisation en fer des océans est l’introduction intentionnelle de fer dans les zones pauvres en fer de la surface des océans afin de stimuler la production de phytoplancton, ce dernier captant le CO2 par photosynthèse. Ca a l’air complètement fou comme ça mais c’est plus malin qu’il n’y paraît. La fertilisation au fer a fait l’objet de douze démonstrations expérimentales[15] depuis 1993, notamment en 2007 dans l’Atlantique Sud par un consortium indo-allemand (projet LOHAFEX, 2007), et dans le Pacifique Nord en 2012, par la Haida Salmon Restoration Corporation (HSRC). Dans les deux cas, l’ajout de sulfate ferreux en quantités comprises entre 10 et 100 tonnes a entraîné une prolifération massive de plancton. Les estimations suggèrent que le résultat maximal possible de la fertilisation en fer, en supposant les conditions les plus favorables et sans tenir compte des considérations pratiques, compenserait 1/6ème des émissions anthropiques actuelles de CO2[16]. Ces avantages ont toutefois été remis en question par certaines études[17]. Par ailleurs, des inquiétudes ont été soulevées quant aux conséquences négatives potentielles de la fertilisation en fer sur la biodiversité marine.
Les méthodes de gestion des rayonnements solaires
Présentons maintenant les méthodes de SRM les plus crédibles. NON je ne parlerai pas de l’idée de mettre des miroirs dans l’espace pour réfléchir les rayons du soleil, même si cette technique a été réellement évoquée.
L’injection d’aérosols dans la stratosphère est la principale méthode dont on parle lorsqu’on parle de SRM. L’idée est de fournir un effet de refroidissement direct en injectant des aérosols, (la plupart des modèles utilisent du dioxyde de soufre ou SO2 pour les intimes), dans la stratosphère pour bloquer partiellement les rayons du soleil. Cette méthode n’est pas incluse dans les feuilles de route classiques, mais elle serait extrêmement économique et d’une efficacité trompeuse. En réduisant directement le rayonnement solaire entrant, ce qui entraîne une diminution globale de la température, l’injection de SO2 imite les effets à court terme d’une grande éruption volcanique comme celle du volcan Tambora en 1815 qui donna lieu en 1816 à “l’année sans été”. Cela permet ainsi de compenser le réchauffement climatique sans pour autant s’attaquer à la quantité de CO2 dans l’atmosphère. L’ajout de quelques millions de tonnes de SO2 par an serait suffisant pour compenser deux fois la quantité de CO2 aujourd’hui dans l’atmosphère. Il s’agit d’une quantité relativement faible, qui pourrait être atteinte pour un coût de 1 à 2 milliards de dollars seulement par an[18]. À première vue, l’injection d’aérosols semble donc être LA solution parfaite. Malheureusement vous vous doutez bien qu’il y a un “mais”. Tout d’abord, l’injection d’aérosols ne constitue pas une solution à long terme. Mais surtout le climat est fait d’interactions complexes et le changement climatique ne se résume pas à un “réchauffement climatique ». Par exemple, l’injection d’aérosols ne s’attaque pas à l’acidification des océans, qui crée de graves problèmes en soi. Certains chercheurs ont également avancé que l’injection d’aérosols pourrait altérer la distribution et l’amplitude des précipitations. De plus, tout système d’injection d’aérosols nécessite une gestion et un calibrage continus pour donner le bon degré de refroidissement. Si les concentrations de CO2 continuent d’augmenter pendant une période de gestion efficace du rayonnement solaire, une situation instable pourrait se produire dans la mesure où une interruption ou mauvais étalonnage de l’injection d’aérosol entraînerait un réchauffement extrême et soudain. Enfin, la facilité de mise en œuvre et le faible coût de cette méthode créent un problème de gouvernance unique dont nous parlerons plus loin.
L’éclaircissement des nuages marins, comme son nom l’indique, est une technique proposée qui rendrait les nuages plus “brillants”, ce qui en plus d’avoir l’air vachement joli permettrait de réfléchir une fraction de la lumière solaire entrante afin de compenser le réchauffement planétaire. Avec l’injection d’aérosols dans la stratosphère, c’est l’une des deux méthodes de SRM qui peut le plus probablement avoir un impact climatique important pour un coût très faible. En tant que tel, l’éclaircissement des nuages marins semble présenter la plupart des avantages et des inconvénients de l’injection d’aérosols (pas une solution à long terme, problèmes de gouvernance, controverse scientifique…) Cependant, en comparaison des autres méthodes de SRM, l’éclaircissement des nuages marins pourrait être partiellement localisé dans ses effets[19]. Cela pourrait, par exemple, être utilisé pour stabiliser l’inlandsis Ouest-Antarctique ou d’autres zones stratégiques. De plus, l’éclaircissement des nuages marins, tel qu’il est actuellement envisagé, n’utiliserait que des substances naturelles (eau de mer et vent) au lieu d’introduire des substances d’origine humaine dans l’environnement. Cela dit ce n’est pas forcément parce que plus c’est naturel que c’est mieux, mais cela rend probablement cela plus acceptable par la population #chemtrails.
Les méthodes visant à augmenter l’albédo de vastes surfaces sont extrêmement diverses et vont de l’utilisation de matériaux de couverture de couleur pâle afin de mieux réfléchir les rayons du soleil, à la protection et l’expansion des glaciers et de la banquise. Je me concentre ici sur les surfaces réfléchissantes urbaines, telles que les toitures et les trottoirs, mais cette méthode peut s’appliquer à tout et n’importe quoi, y compris faire pousser des cultures avec une albedo plus élevée. Les toits peints de manière à augmenter l’albédo offrent des avantages immédiats et sur le long terme dans les climats chauds. Par exemple ils permettent de réaliser des économies allant jusqu’à 15 % de la consommation annuelle d’énergie pour la climatisation d’un bâtiment d’un seul étage, de réduire l’effet d’îlot de chaleur urbain et, bien sûr, d’améliorer l’albédo des villes. Néanmoins les résultats sont très modérés selon les régions et les saisons. Enfin, il est important de garder à l’esprit que les surfaces réfléchissantes peuvent n’intéresser que les régions les plus chaudes du monde. En effet, les toitures réfléchissantes permettent certes de réaliser des économies d’énergie pendant les étés chauds, mais elles peuvent augmenter la demande en énergie pour le chauffage durant l’hiver.
Des controverses scientifiques
Comme je l’ai déjà mentionné, les techniques d’ingénierie climatique sont très différentes et sont donc exposées à différentes critiques et controverses. Contrairement à certains domaines scientifiques où un consensus est solidement établi (origine anthropique du changement climatique, absence de risques pour la santé des OGM, etc…), il n’y a pas encore de position claire de la communauté scientifique sur la faisabilité et la pertinence de la plupart des techniques de géo-ingénierie.
Par exemple, la plupart des recherches sur les SRM sont critiquées du fait qu’elles ne sont que le résultat d’une modélisation par ordinateur, sans expériences empiriques réelles. D’une manière générale, de nombreuses voix sceptiques alertent quant à l’incertitude qui demeure concernant le fonctionnement de nombreux mécanismes climatiques. Ces critiques interviennent notamment à propos de l’injection d’aérosols et l’éclaircissement des nuages marins. Ainsi le dernier rapport du GIEC considère que les interactions entre les nuages et les aérosols reste un des défis majeurs actuels dans la modélisation climatique en général. La généralisation de certaines techniques a également été mise en doute. Nous avons déjà parlé de la quantité immense de terre nécessaire aux BECCS, mais les avantages de la fertilisation en fer ont également été remis en question par des recherches suggérant que la fertilisation par le fer peut appauvrir d’autres nutriments essentiels dans l’eau de mer et réduire la croissance du phytoplancton ailleurs – autrement dit, que les concentrations de fer augmentent la croissance au niveau local mais pas à l’échelle globale[20].
Il serait néanmoins injuste de mettre les techniques de CDR et de SRM dans le même panier dans la mesure où la plupart du scepticisme de la communauté scientifique est dirigé vers ces dernières. La faisabilité et la pertinence de certaines techniques de CDR semblent même faire de plus en plus consensus scientifique puisque les BECCS occupent une place importante dans le dernier rapport du GIEC et sont inclus dans 3 des 4 scénarios du SPM pour atteindre la neutralité carbone. Il n’en va pas de même pour les techniques de SRM. Pour citer le GIEC : « Les mesures de modification du rayonnement solaire ne sont incluses dans aucune des évaluations de scénarios disponibles. Elles sont confrontées à de trop grandes incertitudes, des lacunes dans leur compréhension, ainsi qu’à d’importants risques et contraintes institutionnels et sociaux liés à leur gouvernance, à l’éthique et à leur impact sur le développement durable. Elles n’atténuent pas non plus l’acidification des océans. (confiance moyenne).« [21].
D’autres institutions scientifiques ont partagé leurs doutes à l’égard des mesures de SRM, comme la International Commission on Clouds and Precipitation (Commission internationale sur les nuages et les précipitations) :
« Cet énoncé de l’ICCP met l’accent sur un sous-ensemble de stratégies d’ingénierie climatique appelé, gestion des rayonnements, qui vise à réduire la quantité de rayonnement solaire ou infrarouge atteignant la surface de la Terre. (…) La Commission internationale des nuages et des précipitations recommande :
– Que l’on poursuive la recherche afin de mieux comprendre la science fondamentale et l’efficacité possible des programmes d’ingénierie climatique de gestion des rayonnements.
– Que la recherche en ingénierie climatique soit menée de manière ouverte et indépendante, avec la participation du public, et qu’elle soit utilisée pour évaluer correctement les risques potentiels.
– Que les activités de recherche en ingénierie climatique doivent inclure des études sur les impacts humains, éthiques, juridiques et politiques de l’ingénierie climatique.
Etant donné l’état limité des connaissances actuelles sur les nuages, les aérosols, les précipitations et leurs interactions, en particulier à l’échelle mondiale, l’ICCP ne soutient pas la mise en oeuvre d’ingénierie climatique et ne s’attend pas à ce que l’ingénierie climatique puisse résoudre le problème du réchauffement planétaire. »
Aléa moral et compensation des risques
Les voitures de course plus sûres ont plus d’accidents. Confrontés à un moins grand danger en cas de crash, les conducteurs prennent davantage de risques. Le fait que les accidents deviennent plus fréquents “à cause” d’innovations en matière de sécurité compense partiellement les gains attendus de ces innovations. C’est ce qu’on appelle l’effet de compensation des risques : les individus réagissent aux innovations qui réduisent les risques en se comportant de façon moins prudente. Rien à avoir avec le sujet de cet article me direz vous. Et pourtant de nombreux commentateurs craignent que la recherche en ingénierie climatique n’ait un effet similaire en incitant la société à ralentir ses investissements dans les efforts de mitigation.
L’argument de base est le suivant : les émissions de gaz à effet de serre augmentent le risque climatique. La réduction des émissions est un moyen coûteux de réduire ce risque. L’ingénierie climatique pourrait réduire les risques climatiques à moindre coût. Ainsi, le développement de l’ingénierie climatique pourrait rendre les différents acteurs de la société (y compris les décideurs politiques) plus disposés à émettre davantage de GES, c’est-à-dire à fournir moins d’efforts de mitigation qu’ils ne l’auraient fait autrement. En cas d’échec ou de limitations importantes des techniques de géo-ingénierie, l’effet désincitatif opéré par ces dernières quant aux efforts de mitigation signifierait qu’un monde similaire au nôtre mais où la géo-ingénierie n’existerait pas aurait moins de GES dans son atmosphère. En clair, la recherche en ingénierie climatique conduirait à une situation climatique moins souhaitable que celle qui aurait été obtenue sans cette recherche. Afin d’éviter ce résultat désolant l’argument conclut que nous devrions renoncer à effectuer davantage de recherche en ingénierie climatique. Alors que certains ont soutenu que la réduction des efforts de mitigation ne devrait pas être considérée comme un problème si l’ingénierie climatique est suffisamment efficace et peu coûteuse[22], la plupart des experts et le GIEC ont mis l’accent sur la nécessité absolue de cibler principalement la réduction de nos émissions actuelles.
Controverses politiques et défis en matière de gouvernance
Comme le montre l’échec de l’adoption du projet de résolution sur la géo-ingénierie solaire et l’élimination du dioxyde de carbone, lors de la quatrième session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’Environnement (UNEA) à Nairobi, l’ingénierie climatique est loin de faire consensus au niveau politique. En effet, bien que le projet ait été qualifié de relativement consensuel, ouvert, et extrêmement modeste, il a néanmoins fini par être retiré. Si les experts se sont mis d’accord sur le fait que les États-Unis et l’Arabie saoudite ont largement contribué à faire échouer l’accord, que le contexte n’était pas optimal, (l’UENA n’est peut-être pas le bon endroit pour mener une telle discussion), et ont parfois regretté le fait que les mesures CDR et le SRM aient été examinées simultanément comme si elles étaient symbiotiques, ils ont néanmoins reconnu l’existence entre pays de désaccords et de visions opposées, par exemple concernant le principe de précaution.
Les problèmes de gouvernance ne sont pas très surprenants dans un monde où les pays ne sont pas égaux face au changement climatique, où la question de la responsabilité climatique n’est pas encore résolue et où les intérêts économiques divergent. La Russie, par exemple, pourrait bénéficier du changement climatique tandis que le Costa Rica subirait de lourdes pertes. De plus, le fait que des pays comme les Etats-Unis expriment une opinion en faveur de l’ingénierie climatique pourrait être perçu comme une reconnaissance de l’urgence climatique, entraînant la nécessité de changements économiques et politiques sévères en contradiction à la position défendue jusqu’à présent et résumée par Bush lors du sommet de la Terre de Rio en 92 : « The American Way of Life is not negotiable ».
Encore une fois, et au risque de me répéter, je me dois de souligner les différences de problématiques qu’il existe en matière de gouvernance entre les mesures de CDR et celles de SRM. D’une manière générale, comme évoqué précédemment, les techniques de CDR sont lentes à mettre en œuvre, coûteuses et comportent des risques que l’on connaît relativement bien et que l’on peut facilement maîtriser. De l’autre côté, les mesures de SRM font effet presque instantanément et souffrent de davantage d’incertitude concernant leurs risques. Surtout, elles sont si peu onéreuses que pratiquement n’importe quel pays (y compris les plus pauvres) et même quelques individus très riches, pourraient les mettre en œuvre unilatéralement. De fait, si le principal problème des stratégies d’élimination du dioxyde de carbone (à l’instar des stratégies de réduction des émissions de GES) est de s’assurer que chaque acteur fasse sa part (ce qu’on appelle le « problème du free-rider »), l’enjeu de gouvernance principal concernant les mesures de gestion des rayonnements solaires est de s’assurer que les acteurs n’en font pas trop (le problème du « free driver »[23]).
Il convient enfin de mentionner la controverse politique et idéologique qui entoure l’ingénierie climatique. Si les partisans de la géo-ingénierie considèrent qu’il s’agit d’une solution pragmatique à ne pas négliger, au moins pour éviter de franchir des points de basculement[24] ou des conséquences catastrophiques en cas d’échec des efforts de mitigation, leurs opposants les qualifient parfois de techno-prométhéens (deux fois en un seul article) solutionnistes, clamant que ce n’est pas avec plus de technologie que nous réglerons un problème en partie dû aux avancées technologiques. De plus, les questions environnementales, et en particulier le changement climatique, ont conduit de nombreuses personnes à reconsidérer les paradigmes économiques actuels. Alors que les discussions sur la réduction des GES s’accompagnent souvent aujourd’hui d’un discours sur la décroissance, l’ingénierie climatique n’exige pas de profonds changements structurels et économiques dans nos sociétés actuelles, ce qui est à la fois sa force et sa faiblesse en fonction du cadre idéologique de chacun.
Conclusion et opinion personnelle
La « géo-ingénierie » est un terme générique désignant un ensemble d’approches, de technologies, et de mesures ayant parfois très peu de points communs. Ainsi on pourrait facilement dire que les techniques d’élimination de dioxyde de carbone ont plus en commun avec les stratégies de mitigation, qu’avec les techniques de gestion des rayonnements solaires, que cela soit en terme d’objectifs, de gouvernance ou de limites. La distinction entre les méthodes de CDR et de SRM est cruciale et nous avons de bonnes raisons de penser que ces deux approches devraient être discutées et débattues séparément si nous voulons améliorer la compréhension globale de l’ingénierie climatique et faire des progrès significatifs en matière de gouvernance.
À mon sens les techniques de CDR ainsi que celles de SRM peuvent toutes les deux avoir un rôle à jouer, bien que ce rôle soit différent et fortement dépendant du contexte.
Les mesures de CDR, si elles sont suffisamment efficaces et moins coûteuses voire équivalentes aux mesures de mitigation, pourraient contribuer de manière significative à la lutte contre le changement climatique, notamment car elles impliquent moins de sacrifices. Si elles permettent des économies considérables on pourrait même imaginer qu’elles rendent possible de dégager des ressources supplémentaires pour l’adaptation au changement climatique, l’aide pour les pays les plus touchés, etc… De plus si nous n’accélérons pas drastiquement les efforts de mitigation, des mesures de CDR seront même nécessaires pour atteindre la neutralité carbone et ne pas dépasser la hausse des températures de 1.5° degrés depuis la période préindustrielle. Sur les 4 scénarios du SPM 5 pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, le seul scénario qui n’implique pas l’usage de techniques de CDR (et plus précisément de BECCS) requiert des réductions drastiques des émissions de GES, très éloignées des prévisions par rapport à la tendance actuelle.
Les techniques de SRM pourraient s’avérer utiles dans deux cas de figure précis selon moi :
1) Si tous les efforts pour lutter contre le changement climatique s’avéraient insuffisants et échouaient, les générations futures seraient probablement heureuses d’avoir une solution, même très imparfaite, à leur disposition plutôt que de se manger 7° de plus dans la figure.
2) Si nous avions besoin de « gagner du temps » et d’éviter de franchir des points de basculement menant soit à des des conséquences catastrophiques, soit à une boucle de rétroactions positives.
Nous devons néanmoins garder à l’esprit que les méthodes SRM sont porteuses d’une grande incertitude et ne sont pas une sorte de « baguette magique ». Il serait par ailleurs faux de dire que les partisans des techniques de SRM ne sont pas conscients de leurs limites. David Keith, l’un des principaux chercheurs travaillant sur les injections d’aérosols déclarait ainsi : “Tout le monde veut une réponse immédiate à la question : « Devrions-nous le faire ou non », mais nous avons besoin d’un peu d’humilité, (…) notre génération, les gens de mon âge, n’ont pas à prendre cette décision. Ce seront nos enfants, peut-être dans 20 ans, qui prendront une décision sérieuse au sujet de la géo-ingénierie solaire. On ne peut pas leur lier les mains d’une façon ou d’une autre. Et même si nous maintenions le tabou actuel et que nous ne menions pas de recherches à ce sujet, ils devraient quand même prendre des décisions.«
La question est alors : comment faire en sorte que la recherche en ingénierie climatique soit correctement conduite et son déploiement acceptable ? Les Principes d’Oxford[25] peuvent fournir des lignes directrices utiles pour guider le développement de techniques de géo-ingénierie, des balbutiement de la recherche jusqu’au moment où elles pourraient être disponibles pour une mise en place éventuelle :
Principe 1 : La géo-ingénierie doit être réglementée comme un bien public.
Principe 2 : La participation du public au processus décisionnel en géo-ingénierie est nécessaire.
Principe 3 : La recherche en géo-ingénierie ainsi que ses résultats doivent être ouverts et accessibles à tous.
Principe 4 : Évaluation indépendante des impacts de la géo-ingénierie
Principe 5 : Toute décision concernant le déploiement des techniques de géo-ingénierie ne peut être prise qu’avec des structures de gouvernance solides déjà en place afin de s’assurer de sa légitimité sociale/démocratique
Les Principes d’Oxford constituent un point de départ intéressant, mais ils ne doivent pas nécessairement être considérés comme complets ou suffisants pour garantir que la recherche en géo-ingénierie soit menée de manière responsable.
Personnellement, je suis assez optimiste en ce qui concerne l’ingénierie climatique. Bien que je pense que la réduction des émissions de gaz à effet de serre soit essentielle et qu’elle aura de nombreuses conséquences positives sur la société dans son ensemble (par exemple, ma conviction éthique selon laquelle nous ne devrions pas manger les animaux s’aligne assez bien avec divers objectifs environnementaux ; la réduction du nombre de véhicules individuels en faveur de davantage de transports publics résulterait très certainement en une amélioration de la qualité de vie en ville, etc…), je pense aussi qu’il est malheureusement difficile et irréaliste d’espérer une accélération drastique (et suffisante) des efforts de réduction des émissions de GES. L’ingénierie climatique a le potentiel d’être un excellent auxiliaire pour rendre la transition vers un un monde neutre en carbone un peu moins pénible. Je dois cependant reconnaître un biais technologiste possible. Enfin, je me demande si le scepticisme face à la géo-ingénierie n’est pas en partie le fait d’un biais naturaliste qui nous rend méfiants vis à vis des solutions technologiques pour faire face aux problèmes environnementaux. On entend parfois les opposants à l’ingénierie climatique dire que « la technologie ne nous aidera pas à résoudre un problème découlant de la technologie ». Si je reconnais que la punchline est bonne, et que l’argument semble frappé de l’évidence même, cela correspond au genre de sophismes naturalistes auxquels je faisais allusion. Après tout, si le changement climatique était un phénomène entièrement naturel, ne serait-il pas sage d’examiner toutes les opportunités possibles, y compris technologiques, pour y faire face ?
[1] http://scrippsco2.ucsd.edu/history_legacy/keeling_curve_lessons
[2] Wallace-Wells, D. (2017, July 14). The Uninhabitable Earth, Annotated Edition. Retrieved from http://nymag.com/intelligencer/2017/07/climate-change-earth-too-hot-for-humans-annotated.html?gtm=top
[3] Je parle ici du “Summary for Policy Makers” : SPM-SR1.5 https://report.ipcc.ch/sr15/pdf/sr15_spm_final.pdf p 16-17
[4] Traduction de la définition de la Royal Society (September 2009). Geoengineering the Climate: Science, Governance and Uncertainty (PDF) (Report). London, England. p. 1. ISBN 978-0-85403-773-5.
[5] Public Release Event: Climate Intervention Reports; Climate Intervention: Carbon Dioxide Removal and Reliable Sequestration and Climate Intervention: Reflecting Sunlight to Cool Earth ». nas-sites.org/americasclimatechoices. National Academy of Sciences. Retrieved September 21, 2016
[6] David W. Keith, Geoffrey Holmes, David St. Angelo, Kenton Heidel, A Process for Capturing CO2 from the Atmosphere, Joule, Volume 2, Issue 8, 2018, https://doi.org/10.1016/j.joule.2018.05.006. (http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2542435118302253)
[7] Wibeck, Victoria; Hansson, Anders; Anshelm, Jonas (2015-05-01). « Questioning the technological fix to climate change – Lay sense-making of geoengineering in Sweden ». Energy Research & Social Science. 7: 23–30. doi:10.1016/j.erss.2015.03.001.
[8] « AMS Policy Statement on Geoengineering the Climate System ». American Meteorological Society.
[9] Reynolds, Jesse (2015-08-01). « A critical examination of the climate engineering moral hazard and risk compensation concern ». The Anthropocene Review. 2 (2): 174–191. doi:10.1177/2053019614554304.
[10] Morrow, David R. (2014-12-28). « Ethical aspects of the mitigation obstruction argument against climate engineering research ». Philosophical Transactions of the Royal Society of London A: Mathematical, Physical and Engineering Sciences. 372 (2031): 20140062. Bibcode:2014RSPTA.37240062M. doi:10.1098/rsta.2014.0062.
[11] Moore, N. (2012, April 18). Oxford Geoengineering Programme // Blog Series: Why I Study Geoengineering. Retrieved from http://www.geoengineering.ox.ac.uk/www.geoengineering.ox.ac.uk/geoblog/home/why-i-study-geoengineering/index2e5f.html?id=22
[12] https://ceassessment.org/why-we-should-treat-srm-and-cdr-separately-joshua-b-horton/
[15] Boyd, P.W.; et al. (2007). « Mesoscale Iron Enrichment Experiments 1993–2005: Synthesis and Future Directions ». Science. 315 (5812): 612–617. Bibcode:2007Sci…315..612B. doi:10.1126/science.1131669. PMID 17272712
[16] Lenton, T. M., Vaughan, N. E. (2009). « The radiative forcing potential of different climate geoengineering options ». Atmos. Chem. Phys. Discuss. 9: 2559–2608. doi:10.5194/acpd-9-2559-2009
[17] Cullen JJ, Boyd PW (2008) Predicting and verifying the intended and unintended consequences of large-scale ocean iron fertilization. Mar Ecol Prog Ser 364:295-301. https://doi.org/10.3354/meps07551
[18] https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/7/3/034019/meta
[19] Latham, John; Gadian, Alan; Fournier, Jim; Parkes, Ben; Wadhams, Peter; Chen, Jack (2014-12-28). « Marine cloud brightening: regional applications ». Philosophical Transactions of the Royal Society of London A: Mathematical, Physical and Engineering Sciences. 372 (2031): 20140053.
[20] « Seeding iron in the Pacific may not pull carbon from air as thought ». Phys.org. March 3, 2016.
[21] SPM-SR1.5 p 16-17
[22] Morrow, David R. (2014-12-28). « Ethical aspects of the mitigation obstruction argument against climate engineering research ». Philosophical Transactions of the Royal Society of London A: Mathematical, Physical and Engineering Sciences. 372 (2031): 20140062
[23] Weitzman, Martin L. (2015). « A Voting Architecture for the Governance of Free-Driver Externalities, with Application to Geoengineering ». The Scandinavian Journal of Economics. 117 (4): 1049–1068. doi:10.1111/sjoe.12120.
[24] https://fr.wikipedia.org/wiki/Points_de_basculement_dans_le_syst%C3%A8me_climatique
Lenton, T. M.; Held, H.; Kriegler, E.; Hall, J. W.; Lucht, W.; Rahmstorf, S.; Schellnhuber, H. J. (2008). « Inaugural Article: Tipping elements in the Earth’s climate system ». Proceedings of the National Academy of Sciences. 105 (6): 1786–1793. Bibcode:2008PNAS..105.1786L. doi:10.1073/pnas.0705414105.
[25] http://www.geoengineering.ox.ac.uk/www.geoengineering.ox.ac.uk/
Très intéressant. Il semblerait même à la lecture de l’article que la recherche en géo-ingénierie soit une cause prioritaire, pourtant il ne me semble pas que ce sujet de recherche ait été recommandé par 80k hours.
J’ai donc voulu vérifier par moi-même, et je suis tombé sur cet article :
https://royalsocietypublishing.org/doi/pdf/10.1098/rsta.2014.0065
Following data cleaning, we identified approximately 1961 authors of publications in our Web of
Science data. The majority of authors (1343) are publishing on CDR, with 401 authors for SRM
and 325 authors for general geoengineering.
L’
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L’article date de 2014, on peut donc multiplier les chiffres par 2 aujourd’hui, ce qui ferait environ 1000 chercheurs en géo-ingénierie SRM. Sachant que l’on se dirige probablement (je dirais plus de 40% de chances) vers ce scénario, et si l’on divise les deux milliards de dollars que coute le soufre par le nombre de chercheurs soit 1000, on obtient 2M de dollars par chercheurs.
Je ne sais pas ce que vaut ce raisonnement, mais compte tenu du fait que les géo-ingénieries SRM sont multiples, que toutes les solutions n’ont certainement pas été explorées, ça ne me semble pas être un si mauvais plan de carrière. Faudra que je check 80000 hours pour voir leur raisonnement.
En tout cas, super article !
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